Collias, le 5 janvier 2021
Gardon : le cap
Voici 2021 qui s’offre à nous, à nos projets, nos entreprises, nos réalisations. L’APGA vous souhaite, colliassoises et colliassois, le meilleur pour cette nouvelle année.
Aujourd’hui, notre édito donne suite à l’annonce que nous vous avions faite dans le premier numéro, d’examiner l’idée de l’EPTB Gardons selon laquelle :
« Idée 1 » : « A Collias, il est nécessaire de casser le barrage sur 25 mètres de large et jusqu’à sa fondation afin de rétablir la continuité écologique sur le Gardon » (nous la nommerons « idée 1 »). Cette première idée soulève au village plusieurs difficultés (écologique (avec les gorges), économique (production d’électricité), sanitaire (AEP) et enfin patrimoniale). Ca fait beaucoup ! Aussi, il ne se trouve pas un colliassois qui accepte de voir casser son barrage plus que millénaire. Un tel refus à la fois catégorique et généralisé sur la commune mérite que l’on examine le bien-fondé de cette « idée 1 » qui en vérité en contient deux :
1. «Nécessité de rétablir la continuité écologique», cela signifie permettre aux poissons de circuler de l’amont vers l’aval et vice versa et aux sédiments (sable, gravier) de s’écouler vers l’aval. Même si cela a toujours été le cas à Collias, avec notre barrage à déversement de seulement 2,20 mètres de haut, les colliassois sont favorables à améliorer encore la continuité écologique.
2. « Nécessité de casser le barrage ». Qu’il s’agisse : du Conseil Municipal, des colliassois, ou encore, des associations communales, le fait de casser le barrage apparait nullement nécessaire, raison pour laquelle chacun s’y oppose catégoriquement. Les colliassois demandent à l’EPTB de procéder à Collias comme il s’y est appliqué dans plus d’une vingtaine de communes, c’est-à-dire de restaurer le seuil en y construisant une passe à poissons, sans débours, aussi, pour Collias. L’énoncé par l’EPTB de six idées nouvelles appelées en renfort de l’idée 1. Percevant la difficulté de soutenir sa première idée, seule, sans que l’injustice constituée par rapport aux autres communes n’apparaisse trop évidente, l’EPTB Gardons a entrepris de l’étayer en concoctant pour le moins six idées nouvelles qui visent, chacune, à conforter l’idée qu’il serait bien fondé de vouloir casser le seuil, précisément à Collias. Examinons ces idées qui se veulent constituer des « contreforts » à la première. (Nous sommes en mesure de développer de façon circonstanciée les arguments ci-après, nous n’en donnons ici qu’un aperçu afin de rester dans un édito recto-verso).
« Idée 2 » : « Le seuil de Collias n’aurait pas d’usage ». L’EPTB a martelé cette idée successivement à l’aide : de ses publications périodiques, du Contrat de rivière des Gardons, des rapports qu’il a commandés à des cabinets privés, et enfin, auprès de la Préfecture du Gard. Cependant, cette idée est fausse. En effet, en 1887 la commune à acheté le barrage et les deux moulins qui le bordent avec pour objectif premier d’alimenter le village en eau potable, c’est ce qui fut fait. En 1975, avec l’amélioration de l’alimentation à l’aide du forage de la grotte de Pâques, les deux géologues agréés responsables des travaux ont interdit toute intervention dans un périmètre rapproché qui comprend le barrage et son plan d’eau. Ainsi, sans discontinuer, le village de Collias s’est alimenté en eau potable de façon pérenne de 1887 à aujourd’hui, soit pendant 133 années, et ça continue ! Le Préfet du Gard, bien que reprenant dans son arrêté du 27 décembre 2018 – n° 30-20181227-004 – l’affirmation fausse de l’EPTB « …pas d’usage », ne s’est pas trompé sur le fait que le barrage avait bien en vérité un usage. En effet, le Préfet a eu la sagesse d’assortir son autorisation de casser le seuil de Collias, délivrée à l’EPTB, de l’interdiction d’y procéder avant qu’un nouveau forage de ne soit effectivement en service (C.Q.F.D. !). Assurément, cette idée 2 «… pas d’usage » est bien fausse.
« Idée 3 » : « La participation financière sur la construction de la STEP de Collias aurait été accordée par l’EPTB en contrepartie de l’acceptation de casser le seuil ». L’EPTB mentionne dans son « Compte rendu de réunion du Comité Syndical » du 22 septembre 2020, que 22 millions et 300 000 euros seront accordés à différentes communes pour le traitement de leurs eaux usées. Existe-t-il des contreparties à ces 22 millions 300 000 euros ? Dans la négative, le village de Collias ne comprendrait pas que, tout spécialement pour lui, une contrepartie soit demandée.
« Idée 4 » : « Le seuil de Collias aurait été laissé à l’abandon depuis la crue de 2002 parce que le village n’aurait pas eu les moyens de l’entretenir ». En toute chose, il faut rester sérieux. Collias aurait eu les moyens d’entretenir son barrage de 1887 à septembre 2002, puis, brutalement, aurait définitivement perdu cette capacité à partir du mois de septembre 2002 ! Nous disposons de tous les éléments utiles à même de montrer que c’est le SMAGE des Gardons qui, après la crue de 2002, a interdit à la municipalité de Collias de réparer le seuil.
« Idée 5 » : « Les fondations du seuil sont telles qu’il serait difficile de le réparer et l’équiper d’une passe à poissons ». Cette idée est parfaitement fantaisiste. En réalité, les 60 mètres du canal d’amenée sont posés directement sur le rocher. Les 40 mètres restants ont fait l’objet, en 1989, d’un important enrochement à leur base, supprimant ainsi le risque de basculement de l’ouvrage vers l’aval. Les fondations du barrage de Collias sont donc optimales.
« Idée 6»: «Le barrage formerait un obstacle à la circulation des sédiments, occasionnant un appauvrissement à l’aval. ». Cette idée, contraire aux lois de la physique, est naturellement contredite par tous, y compris par le SMAGE des Gardons lui-même. D’ailleurs, juste une remarque à ce sujet : si le barrage de Collias constituait réellement un obstacle à la circulation des matériaux, comment se pourrait-il qu’après toutes ces centaines d’années d’existence du barrage, il y ait toujours des sable et gravier, par exemple, à la plage des Tinières et comment se pourrait-il, aussi, que les gorges ne soient pas totalement obstruées par une accumulation extraordinaire de sédiments ? Malgré ce, l’EPTB Gardons est parvenu à faire croire, à la DDTM du Gard et Monsieur le Préfet du Gard qui l’affirment avec force, que le seuil de Collias engendre un déficit de matériaux à l’aval. Cette idée est dépourvue de sens. Remarquons qu’il en est toujours ainsi, à trop espérer voler au secours d’une idée fausse à coup d’idées nouvelles fabriquées de toute pièce, l’auteur ne réussit qu’à faire enfler la fausseté de son assertion. Mais alors si les idées qui voudraient justifier qu’il soit nécessaire de casser le barrage de Collias sont invalidées, les unes après les autres, pourquoi donc faudrait-il le casser ? Ne serait-il pas plus raisonnable, et équitable à la fois, de le restaurer et y construire une passe à poissons ? Avec évidemment, à chaque fois, un financement extérieur intégral sans participation de la commune. Il est en effet bien certain que, le plus souvent, les communes ne peuvent financer avec leurs fonds propres des travaux de cette importance. De fait, elles n’ont à aucun moment financé les travaux sur leur seuil. L’exemple le plus proche de nous : Remoulins, où l’EPTB et ses financeurs auront investi au final sur le seuil de cette commune (restaurations du seuil et constructions de passes à poissons) un montant de l’ordre de quatre millions d’euros (estimation « avant travaux » pour la deuxième tranche à venir d’environ deux millions d’euros).
En définitive, aucune des sept idées qui voudraient justifier de casser le barrage ne supporte l’analyse. Cependant, l’EPTB Gardons souhaite le casser et il paraît nécessaire qu’il en donne cette fois la véritable raison. A défaut, d’un motif recevable, notre barrage doit être restauré et équip d’une passe à poissons. Résistons !
Jean-Marc ESBERARD Président