Collias, le 12 novembre 2020
Gardon : le cap
Une année que notre association existe, un an d’investigations qui nous ont notamment permis de mettre au jour des contre-vérités diffusées par le syndicat mixte « E.P.T.B. Gardons » au sujet du seuil des Tinières (notre barrage) qu’il voudrait casser.
La réalité est bien différente de celle qui nous est présentée par ce syndicat mixte.
Le seuil des Tinières cassé, cela constituerait une perte irréparable pour nous, Colliassois. Une perte en termes de : biodiversité des gorges, production d’électricité, alimentation en eau et patrimoine communal autant de secteurs qui bénéficient aujourd’hui d’une attention, une préservation toute particulière à laquelle les communes de France s’appliquent.
La biodiversité des gorges
Casser le seuil de Collias sur 25 mètres de large et jusqu’à sa fondation aurait pour conséquence d’entrainer, entre autre, une érosion régressive à l’amont du seuil. Cela signifie qu’une fois le seuil « ouvert » les gorges se videraient de leurs sable et gravier stockés depuis des centaines d’années et propriété de la commune (article L215-2 du code de l’environnement). Ces matériaux, emportés par les crues successives vers les plages du Pont du Gard, n’assureraient plus l’étanchéité du lit dans les gorges comme cela se passe depuis plus de mille ans. Il s’ensuivrait une baisse considérable du niveau de l’eau (à moins que ne survienne des périodes d’assec) et, avec elle, la perte de la ripisylve. C’est précisément pour protéger la biodiversité des gorges que notre Maire de l’époque, Monsieur André CLEMENT, avait mis fin aux rotations des camions benne qui venaient prélever des matériaux, par exemple, à l’Oseraie (confirmons qu’à cette époque Collias vendait ses matériaux). Une fois le seuil cassé, le Gardon, à l’œuvre chaque jour 24 heures durant, se montrerait bien plus efficace que des hordes de camions benne pour vider (cette fois gratuitement) les gorges des sable et gravier qui les protègent d’assèchement (la roche karstique mise à nue est perméable – voir le Gardon l’été à Dions). Qu’adviendrait-il alors de la biodiversité des gorges classées à l’UNESCO ?
La production d’électricité
Chacun sait bien tout l’intérêt aujourd’hui pour une commune de pouvoir produire de l’électricité à partir d’une énergie renouvelable. Il est même des municipalités qui se résignent, afin de posséder une telle source d’énergie, à implanter sur leur territoire d’affreux mastodontes d’acier mus par la force du vent ou encore des hectares de panneaux rigides capteurs de l’énergie solaire. Les colliassois, avec intelligence, se sont,
eux, montrés précurseurs en matière d’énergie renouvelable en utilisant, très tôt, la force hydraulique du Gardon pour produire, notamment, de l’électricité. Casser le barrage aujourd’hui, ce serait perdre la possibilité de produire de l’électricité, gratuitement, en abondance et en l’absence de toute pollution. A l’heure des changements climatiques avérés, ne serait-il pas plus judicieux de construire de nouveaux seuils au lieu de casser ceux qui existent, a fortiori lorsque ceux-là protègent des gorges comme c’est le cas à Collias ?
L’alimentation en eau du village
De la même façon qu’avec l’utilisation de l’énergie renouvelable du Gardon, le village de Collias s’est montré aussi inventif en matière d’approvisionnement en eau potable. En effet, la raison première qui a conduit la commune à acquérir le seuil en 1887, était la production d’eau potable et cette raison s’est montrée efficace jusqu’à aujourd’hui puisque l’E.P.T.B. ne peut envisager de casser le seuil avant qu’une alternative au forage de la grotte de Pâques ne soit fonctionnelle. Ainsi, casser le seuil reviendrait à casser un équilibre maintenu en matière d’approvisionnement en eau depuis 1887.
Le patrimoine communal
Les fondations du Moulinas et des Machines (les deux moulins situés respectivement rive droite et gauche du seuil des Tinières,) attestent que l’énergie hydraulique a été utilisée sur ce site il y a plus de mille ans. La commune a acheté les ruines du seuil en 1887 et l’a reconstruit avec l’argent des colliassois. Alors oui, le seuil est une pièce majeure du parc patrimonial de la commune et vouloir le casser n’est pas raisonnablement envisageable.
Si notre village est aujourd’hui menacé de perdre son seuil c’est parce que nous nous sommes trop longtemps montrés faibles parce que divisés. Mais les temps ont changé, nous ne nous laisserons pas faire ! Nous ne lâcherons rien, plus rien.
Afin de protéger notre village, nous devons nous rassembler, faire bloc, pour livrer cette bataille qui nous concerne tous aujourd’hui, de même que les générations futures. Notre union fera notre force. Que vous soyez ancien ou néo-Colliassois, chasseur, écolo, pêcheur, de gauche ou de droite, vieux ou jeune, ce combat contre la démolition aveugle de notre seuil, c’est le vôtre.
C’est notre village que nous défendons, ce que nos anciens ont été capables d’en faire, un lieu de vie que nous aimons. Résistons !
L’association est ouverte à tous, nous avons besoin de vous ; ensemble nous gagnerons.
Jean-Marc ESBERARD Président
Nota : Dans le n°2 de notre édito « Gardon : le cap » nous vous dirons pourquoi l’unique raison invoquée par l’EPTB pour justifier de casser le seuil de notre village ne tient pas.