Edito n° 3

Collias, le 9 mars 2021

Gardon : le cap

Deux années d’investigations nous ont permis de comprendre, non pas les raisons invoquées par l’EPTB Gardons pour casser notre seuil, mais les véritables raisons qui conduisent ce syndicat à vouloir le casser en son milieu, sur 25 à 47 mètres de large.

A ce sujet, tout a été dit, expliqué aux colliassois qui pourtant ne semblent toujours pas pour certains d’entre nous prendre conscience de ce qui va arriver à notre petit village.

Nombre d’entre nous ne perçoivent encore pas en effet ce qui se prépare, le préjudice que la cassure du barrage va causer à nos gorges du Gardon et donc à notre village.

A l’aide de centaines de pages, l’EPTB Gardons a tenté de nous amener à croire à l’idée fallacieuse qu’il faudrait casser notre barrage pour rétablir la continuité écologique. Cette idée est fausse, la continuité peut être rétablie sans cette démolition, laquelle va en revanche entraîner, par érosion régressive, l’extraction des matériaux qui protègent les gorges depuis un millier d’années, matériaux qui sont la propriété de Collias.

Il est flagrant que l’EPTB veut casser notre seuil pour envoyer nos sable et gravier reconstituer les plages du Pont du Gard. Une large cassure du seuil en son milieu (alors que l’alose remonte les rivières en suivant les bords !) il n’y a pas mieux pour vider les gorges de ses sable et gravier. Cependant, l’EPTB n’a de cesse d’écrire par ailleurs que le prélèvement des matériaux dans le lit des Gardons, durant les dizaines d’années passées, a constitué, avant d’être enfin interdit, une véritable catastrophe pour les rivières. Une catastrophe pour les rivières mais pas pour les gorges à Collias ! Allez comprendre !

L’EPTB est ici en contradiction avec lui-même. La pire des erreurs pour un professionnel !

Mais cette contradiction de fond ne l’a pas empêché, en conscience, d’induire en erreur le Préfet et la DDTM du Gard qui, convaincus par ce syndicat, ont déclaré à notre nouveau Maire (le 23 septembre 2020) l’idée fausse suivante : « Votre seuil prive son aval des sable et gravier ». Affirmation en contradiction (encore) avec le Service public Eaufrance qui constate justement que le seuil de Collias ne fait pas obstacle au transit sédimentaire.

D’ailleurs, s’il fallait une preuve de la transparence du seuil de Collias aux sédiments : un carrier prélevait tous les ans ces matériaux en aval du seuil, jusqu’à la roche. Les stocks se sont toujours reformés à l’aval ce qui a permis au carrier de poursuivre ses prélèvements pendant …. un demi-siècle ! Collias est aujourd’hui victime comme cela d’une série d’affirmations fausses initiées et véhiculées résolument par l’EPTB Gardons.

Si nous ne sommes pas capables de réagir avec force, notre village perdra son âme.

Une autre idée illusoire dont l’EPTB a encore une fois convaincu Monsieur le Préfet : « le seuil de Collias n’a pas d’usage ». Mais alors, pourquoi réaliser un deuxième forage et, au surplus, pourquoi ne faut-il surtout pas casser le seuil avant que ce deuxième forage ne soit en service ? Ne serait-ce pas parce que, si l’on cassait le seuil aujourd’hui, notre forage actuel de la grotte de Pâques (grâce auquel nous avons de l’eau potable depuis des décennies !), rencontrerait un grave problème de nature à priver le village d’eau potable ? Mais alors, notre seuil a bien aujourd’hui un usage ! Qu’est-ce donc que cette idée «le seuil … n’a pas d’usage », colportée avec constance par l’EPTB jusque dans le Contrat de rivière des Gardons 2017 – 2022, jusque dans l’arrêté préfectoral du 27 déc. 2018 ?

Une autre idée, indépendante celle-là du seuil mais tout aussi troublante : Monsieur le Préfet du Gard redoute que des colliassois ne se noient lors d’une crue (ce qui n’est jamais arrivé). Sous ce motif, il décide de raser nos deux moulins de l’Alzon et leurs seuils en se fondant notamment sur une interprétation erronée du vote à l’unanimité du Conseil Municipal qui s’est prononcé, lui, pour la conservation de ce patrimoine industriel.

Au motif de sécurité, pourquoi le Préfet accepte-t-il qu’un centre commercial ait été construit à Alès sur une parcelle classée « rouge » située dans le lit même de la rivière ?

Pourquoi accepte-t-il (encore) qu’un camping au Pont du Gard, ravagé par la crue de septembre 2002, reconstruit depuis, reçoive aujourd’hui ( toujours en zone rouge) des centaines de campeurs? La vie d’un colliassois vaut-elle plus qu’une foule de personnes ? Avec de telles décisions contraires, on en arrive à ce genre de questions.

Depuis l’année 2002, nos Conseils Municipaux successifs n’ont jamais osé dire non aux décideurs extérieurs au village. Ils ont tout accepté sans jamais s’opposer. Nous en récoltons aujourd’hui les fruits avec les menaces de : barrage cassé, sable et gravier torpillés, gorges ravagées, moulins détruits. Où la démolition du village va-t-elle s’arrêter ?

C’est notre jeune Maire, Jonathan PIRE, qui doit aujourd’hui tenter de réparer les dégâts causés par ces silences coupables répétés. Il doit faire face, avec son Conseil Municipal, aux décisions mal fondées de l’Administration qui font perdre son caractère à notre village.

C’est lui, qui n’y est pour rien, qui va devoir dire non et se battre ; cette Municipalité peut encore aujourd’hui, avec notre participation à tous, changer le mauvais ordre des choses qui s’est insinué depuis de trop nombreuses années sur notre sol au préjudice de Collias.

Si la commune tout entière ne réagit pas, son patrimoine hydraulique, sa capacité à fabriquer elle-même de l’électricité (sans éolienne !), qualités qui font sa spécificité sa richesse, vont disparaître et notre village deviendra une commune quelconque, sans âme.

Depuis sa création, l’association l’APGA a produit une importante somme de documents, articles de presse et reportages télévisés qui dénoncent les projets inacceptables de l’EPTB à l’encontre de notre village. Stoppons ces projets pernicieux pour notre commune.

Colliassoises, Colliassois, nous sollicitons votre participation. Vos idées sont bonnes à prendre, c’est le moment de les exposer, de les faire vivre. Faites-nous part de votre vision de la situation actuelle, de la façon que vous jugez opportune pour y réagir efficacement au bénéfice de notre village. Nous vous aiderons à porter vos vues.

Il ne suffit pas en effet d’être seulement spectateur, il faut aussi agir avant qu’il ne soit trop tard. L’association l’APGA attend vos suggestions, elle vous en remercie par anticipations.