Gardon : le cap
Parce qu’il faut paraît-il « battre le fer pendant qu’il est chaud » nous allons, avec ce numéro 4, aborder une nouvelle fois le devenir de notre barrage et les idées fausses qui visent à amener à considérer que, somme toute « ce serait mieux de le casser ». Déjà, dans les éditos précédents, nous vous avons exposé quelques unes de ces idées fausses.
Nous vous en présentons aujourd’hui une nouvelle que les « démolisseurs » du barrage avancent chaque fois que l’occasion se présente. Cette idée fausse est la suivante : « L’écoulement du Gardon à Collias est tel, qu’il n’est pas économiquement rentable de produire de l’électricité avec sa force motrice ». Alors bien sûr, une fois cette phrase prononcée « inoculée tel un virus ! », l’idée se renforce qu’après tout : « rien ne s’oppose à casser cet ouvrage bien inutile ». Mais qu’en est-il au justede cette «inutilité économique»? On se trouve en effet, avec cette idée, rapidement tiraillés par le souvenir (bien réel celui-là) que Collias a été par le passé un des premiers villages doté d’un éclairage public grâce à la production hydroélectrique du Gardon. D’autant plus tiraillés lorsque l’on considère qu’aujourd’hui la technologie des turbines et des générateurs a considérablement progressé par rapport à l’époque où Collias fabriquait de l’électricité.
Examinons donc ce qu’il en est, au juste, de cette « inutilité économique ».
Notre examen se trouve grandement simplifié de la plus belle des manières avec les deux Enquêtes publiques qui se déroulent actuellement sur les communes de Sauzet (30) et Saint- Chaptes (30) situées à seulement 15 kilomètres à vol d’oiseau de Collias. Ces procédures administratives concernent la création, sur le Gardon, de deux centrales hydroélectriques. Les pièces constitutives des demandes d’aménagement de ces seuils, sont consultables sur le site www.gard.gouv.fr où il suffit, pour accéder aux entiers dossiers, de taper le nom des communes dans la barre de recherche. Une consultation rapide montre que les deux paramètres qui déterminent la puissance électrique (la hauteur de chute et le débit) sont quasi identiques à Sauzet, Saint-Chaptes et Collias.
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Concernant le seuil de Sauzet (figure n°1), on remarque que l’accès à la centrale est déjà existant sur la rive droite.
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Le projet de la centrale de Saint-Chaptes comprend, lui, la création d’une route d’environ 200 mètres de long sur la parcelle boisée suivant la flèche marron sur la figure n°2.
Monsieur le Préfet du Gard et l’EPTB Gardons ont, chacun, émis un avis favorable à la réalisation de ces deux projets. Monsieur le Préfet a notamment constaté (comme point positif) que le niveau d’eau à l’amont des seuils ne serait pas modifié par l’installation des centrales (à l’évidence, il n’en serait pas de même si l’on cassait le seuil de Collias sur 25 mètres de large jusqu’à la fondation).
En résumé, ces deux Enquêtes publiques, aux portes de Collias, font démonstration :
1- Que l’Administration est favorable à la création de centrales hydroélectriques sur le Gardon.
2- Que de telles créations présentent un réel intérêt économique (évident, à en juger par les investissements que ces créations impliquent).
Observons qu’à Collias il ne s’agirait pas d’une création de turbinage sur le seuil mais d’une réactivation, et qu’il ne serait nul besoin de déboiser pour réaliser un tel projet.
Quoi qu’il en soit, nous voyons ici tomber une nouvelle fois une des idées (fausses) qui voudraient conforter l’idée mère « il faut casser le seuil de Collias ».
Mais alors, quelle est la raison qui justifierait qu’il faille casser le seuil de Collias ?
Résistons !
Jean-Marc ESBERARD Président